À travers des entretiens avec trois « jeunes de banlieue », Radouane, Tarik et Eliott, Fabien Truong esquisse le portrait d’une jeunesse aux trajectoires ambivalentes. Le rapport aux pères, la vie dans le quartier, les études, les tentations du vol ou du deal, la relation aux filles, les rêves de famille et de pavillon loin des barres d’immeubles, la religion – improbable alliée de la République – vers laquelle on se tourne quand on sort de la délinquance, sont autant de nœuds dont les entrelacements déterminent ce que devenir un homme dans la banlieue française veut dire.
Alors que les émeutes et les faits divers embrasant les quartiers de relégation urbaine contribuent à confiner ces espaces dans la périphérie physique et mentale des villes, les polémiques qui s’ensuivent ne font que masquer la pauvreté du discours sur le problème de la délinquance juvénile, car, si l’on excepte les postures du mépris et du déni qui consistent à dire que ces jeunes sont soit partout soit nulle part, que reste-t-il dans le débat public ?
Ce livre est une enquête ethnographique, écrit à rebours d’une pensée ambiante qui ne se conjugue qu’au présent, d’une société qui interdit toute prise de parole effective de ces jeunes hommes encapuchés, et du fatalisme et du pessimisme de rigueur.