Pour Albert Camus, « l'artiste se forge dans cet aller-retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s'arracher ».
Fidèle à cette idée, Barthélémy Toguo, artiste franco-camerounais, partage son temps entre Paris et Bandjoun, au Cameroun. Il bâtit depuis plus de vingt ans une œuvre militante et pluriculturelle. Excellent aquarelliste, il utilise aussi bien le dessin, la vidéo, la céramique, la sculpture, la performance ou l’installation pour évoquer l’exil, les frontières et les identités, le déséquilibre Nord-Sud... L’ensemble de son œuvre, en prise directe avec l’actualité mondiale, propose un regard provocant sur la réalité la plus violente ou la plus injuste. Ainsi, en 2005, il avait donné voix aux jeunes des banlieues françaises et en janvier 2011, au moment du « Printemps arabe », il se trouvait au Caire, sur la place Tahrir.
En 2008, il a ouvert dans le nord du Cameroun la résidence artistique Bandjoun Station.
« Aujourd’hui, la plupart des œuvres de l’art classique africain se trouvent bien loin du continent, après avoir été pillées, volées par les colonisateurs, les explorateurs, les missionnaires européens. Or il est en train de se passer la même chose pour l’art contemporain africain […]. J’en sais quelque chose. […]. Il fallait donc créer un lieu pour accueillir et montrer ces œuvres. Je l’ai fait avec mes fonds propres, tirés de la vente de mes œuvres, sans aucune aide extérieure ou publique. Aujourd’hui, Bandjoun Station compte plus de mille œuvres d’art. » (B. Toguo)
Ces entretiens avec l’artiste ont été réalisés par Thierry Clermont dans son atelier parisien, entre 2012 et 2015.
Artiste représenté par la Galerie Lelong, Barthélémy Toguo a exposé dans le monde entier.
Thierry Clermont est écrivain et critique au Figaro littéraire.