Pour « quitter » l’Union soviétique, il ne suffit pas de la désagrégation d’un « bloc », d’un putsch raté et de déclarations de souveraineté. Des murs tombent et des traités sont bons à jeter, mais quels épisodes un État nouveau traverse-t-il en quelque vingt années, fût-il en quête de démocratie et de valeurs européennes ?
L’Ukraine aura fait figure de pionnière en matière de subversion – révolution démocratique, révolution civile, « révolution orange » –, elle n’en est pas moins confrontée à toutes les difficultés propres aux pays issus de l’Union soviétique : bataille avec les structures de l’ancien régime, lutte contre la corruption, mutation dans les mentalités. La population parfois freine, puis prend de l’avance sur ses dirigeants qui se comportent comme des nouveaux riches de la politique, davantage soucieux d’exhiber le droit que de l’appliquer…
Annie Daubenton explore le kaléidoscope ukrainien en juxtaposant des approches qui touchent à l’histoire, à la vie de la société, à l’analyse des pouvoirs anciens ou nouveaux, sans oublier le caractère romanesque des égarements d’un État qui se cherche. Il en ressort un livre qui éclaire un pays mal connu, sinon sous la forme de quelques clichés – la « révolution orange », Viktor Iouchtchenko, le président au visage grêlé, ou Ioulia Tymochenko, Premier ministre, auréolée d’une natte – pour entrer dans les méandres d’un État en construction où parfois l’absurde le dispute au paradoxe ou à une forme d’idéalisme.