« "Nous travaillons dans les ténèbres, nous faisons ce que nous pouvons, nous donnons ce que nous avons. Notre doute est notre passion, et notre passion est notre devoir. Le reste est la folie de l’art." C’est ce que Henry James fait dire à Dencombe, écrivain célèbre, dans la nouvelle Entre deux âges. Dans The Ghost Writer, roman de Philip Roth, cette phrase est épinglée au-dessus du bureau où écrit Lonoff, écrivain fantôme, l’un de ses doubles. Elle était aussi collée au-dessus du pupitre de Roth, le 5 septembre 2012, lorsqu’au cours d’un entretien il m’annonça qu’il n’écrirait plus jamais.
Cette devise de l’écrivain tel que je le vois ou que je me vois, quand il m’arrive de croire que je le suis, m’a poursuivi de livre en livre et d’auteur en auteur durant mes séjours chez Melville, Kafka, Musil, Flaubert, Baudelaire…
Dans ces essais sur la littérature, la psychanalyse s’est souvent invitée entre les lignes, mais non comme une série de clefs ouvrant les portes du mystère de la création. Ce n’est pas elle qui éclaire la littérature, mais l’inverse. »
Michel Schneider
Après Baudelaire, les années profondes (1994), Maman (1999), Morts imaginaires (2003), Lu et entendu (2013) et L’auteur, l’autre, Proust et son double (2014), Michel Schneider poursuit son voyage au bout de la nuit des écrivains. Il rassemble, écrits dans le noir,des essais littéraires dispersés et publiés en revues depuis trente ans.