André Weil (1906-1998). Entré à l’École normale supérieure à seize ans, il enseigne en Europe et en Inde jusqu’en 1939. Participe à la fondation du groupe Nicolas Bourbaki qui bouleverse les mathématiques modernes. Professeur à Princeton à partir de 1958.
Simone Weil (1909-1943). Sa sœur cadette. Élève de l’ENS. Agrégée de philosophie en 1931. Syndicaliste révolutionnaire, quitte l’enseignement pour devenir ouvrière chez Renault. Rejoint la colonne Durruti pendant la guerre d’Espagne. Meurt de tuberculose et de désespoir à Londres.
Comment vivre aux côtés de pareils génies ? Sylvie Weil, dans ce qui est à la fois un exercice d’admiration et un exorcisme nécessaire, s’en explique avec de l’émotion et de l’humour. « Le génie était bicéphale. Mon père avait un double, un double féminin, un double mort, un double fantôme. Car, oui, en plus d’être une sainte, ma tante était un double de mon père à qui elle ressemblait comme une jumelle. Un double terrifiant pour moi, puisque je lui ressemblais tant. Je ressemblais au double de mon père. »
Cette ressemblance physique troublante est le départ d’un récit qui mêle des souvenirs, des réflexions personnelles. Il en résulte une forte présence de ces deux figures intimidantes. Inadaptées l’une comme l’autre au monde réel, témoins et victimes de l’Histoire, elles méritaient d’être enfin réunies à égalité dans un livre juste, accessible, et chaleureux.