Préface de Jean Claude Bologne
En ce début de troisième millénaire, la piraterie sévit avec la même cruauté qu’au tournant des XVIIe et XVIIIe siècles. Et pourtant, les pirates sont à la mode ! Au cinéma et en bande dessinée, cette thématique n’a jamais été aussi porteuse ; sur des résidences secondaires de bord de mer, le pavillon noir est dressé en guise de girouette ; des bateaux de plaisance le hissent dans leur gréement ; à l’arrière d’automobiles, le Jolly Roger s’affiche en autocollants ; dans les espaces infinis d’Internet, le piratage de musiques, de films, de logiciels… est devenu un sport ; au Parlement européen, enfin, deux députés siègent sous l’étiquette du Parti pirate.
Mais des pirates des mers aux pirates informatiques, la question demeure la même : pourquoi ces bandits, ces pillards, ces tueurs, bénéficient-ils d’une telle sympathie auprès d’un aussi large public ? Et la persistance de ce malentendu n’a-t-il pas de lourdes conséquences géostratégiques, économiques et humaines ?
Jadis, lorsqu’on naviguait, les deux ennemis à craindre étaient les tempêtes et les pirates. Est-ce parce qu’ils ont fait « un pacte avec la mer », comme l’a écrit Pierre Mac Orlan, que pirates et autres gentilshommes jouissent d’une telle complaisance ? Tel est le mystère de la fascination qui s’attache à la piraterie depuis le début de son existence.