Le 21 novembre 2005 fut organisée au Centre Pompidou une journée à la mémoire de Jacques Derrida, mort en octobre 2004. De Régis Debray à Élisabeth Roudinesco et Élisabeth de Fontenay, beaucoup d’intervenants ont évoqué leurs souvenirs du grand philosophe. Un seul invité étranger : Peter Sloterdijk. Il avait préparé pour l’occasion un vrai texte dont la lecture est restée vive dans la mémoire de chacun. Derrida y est présenté en compagnie d’autres écrivains et philosophes qui auraient, de manière affichée ou à son insu, influencé le mouvement de sa pensée, ainsi que la création de certains de ses concepts. Les lectures de ses « compagnons », que cela soit Freud, Hegel, Heidegger, Thomas Mann, Régis Debray, Boris Groys et d’autres encore, se retrouvent comme dans un écrin à l’intérieur de l’élaboration intellectuelle de celui qui fit partager au monde entier son travail sur la déconstruction.
Cette belle offrande de Sloterdijk, empreinte d’émotion, met en lumière avec une totale originalité d’approche des pans d’intertextualité souvent ignorés des interprètes, peut-être de Derrida lui-même, ou alors laissés pudiquement dans l’ombre.