Jean Gabin est mort le 15 novembre 1976. Du Front populaire de 1936 jusqu’aux années soixante, il a été l’incarnation de ce qui fut alors en France un peuple, porteur d’une morale et d’une esthétique de la résistance au pouvoir, de la loyauté, de l’endurance et d’une permanente aspiration à la liberté. Gabin a donné corps à ce peuple : une force ramassée qui bouge peu mais bien, une « tenue » qui est exactement ce que les Grecs appelaient « ethos », une façon de scander les mots avec cette noblesse populaire qui est condensée dans sa langue, l’argot.
Ayant tourné dès le début sous la direction des plus grands réalisateurs (Carné, Renoir, Duvivier, Grémillon, Becker), Gabin est le personnage emblématique d’une période glorieuse du cinéma français qui n’aurait pas non plus existé sans d’autres incarnations du génie populaire comme Arletty, Michel Simon, Jouvet, Carette, Ventura.
Depuis les années 1930 (La Belle Équipe, Les Bas-Fonds, Le jour se lève) jusqu’à une période plus récente (Le rouge est mis, Voici le temps des assassins, Le Chat), Bernard Sichère nous fait partager sa passion pour ce cinéma habité et charmé par Gabin.