Jeunes Turcs

La Turquie des années quarante et cinquante.
Alors que l’ombre menaçante du nazisme plonge l’Europe dans une obscurité glacée, une bande d’adolescents de toutes confessions vit les premiers émois de la sexualité tout en tentant de comprendre le nouvel ordre mondial.
Ils opposent au bruit des bottes et des déportations, la vision initiée par Atatürk d’une Turquie tolérante et pluraliste.
Des secrets partagés dans un hammam d’Ankara aux plaisirs dispensés par une ardente femme mûre à tout un dortoir de garçons d’Istanbul, Rifat, Musa, Mustafa, Bilâl et les autres célèbrent en effet l’amitié, l’amour et la vie.
Ils sont juifs, musulmans, chrétiens, poméraniens, turcs, les jeunes héros de ce truculent roman kaléidoscopique à treize voix qui regarde Rifat subir les affres de la circoncision, Gül pressentir à distance le tremblement de terre d’Erzincan, Musa se faire jeter du hammam et Bilâl mourir d’avoir voulu sauver ses proches des persécutions allemandes dans la Grèce voisine.
Au cœur de la Turquie laïque de Moris Farhi, le raki coule à flots pour mieux fêter les agapes entre amis, la musique, la poésie et la liberté. Mais on y côtoie aussi les larmes, la souffrance et la mort malgré un dieu omniprésent, aux multiples identités, impensable en Occident.
Jeunes Turcs est un généreux roman d’amour, de courage et d’humanité qui n’est pas sans rappeler la foisonnante richesse d’un Julio Cortazar ou la magie d’un Italo Calvino.