La Charrue de feu, roman d’Eli Chekhtman à ce jour inédit en français, occupe une place à part dans l’histoire de la littérature yiddish au XXe siècle.
Son originalité est totale.
Elle tient d’abord au lieu où se déroule son action, qui commence en Ukraine et se poursuit en Union soviétique, et au temps sur lequel se déploie cette action – la période évoquée court de la fin du XIXe siècle aux déportations vers les camps d’extermination après l’invasion de l’Union soviétique par l’Allemagne nazie.
Elle tient ensuite à ce que le texte mentionne explicitement, et c’est l’un des seuls à le faire, l’une des mises en œuvre de l’anéantissement des Juifs d’Europe longtemps passée sous silence : la Shoah par balles ou l’exécution sommaire de près d’un million cinq cents mille Juifs par les Einzatsgruppen, les milices de la Wermarcht.
Elle tient enfin à la manière dont Chekhtman a relevé, par le langage, ce défi terrible qui consiste à dire l’apocalypse.