25 000 hommes, femmes, enfants meurent chaque jour de faim ou de malnutrition à travers le monde. Aucun fléau, aucune épidémie, aucune guerre n’a jamais, dans toute l’histoire de l’humanité, exigé un tel tribut. Et pourtant, la nourriture ne manque pas : la planète ploie sous l’effet de la surproduction alimentaire et le négoce va bon train.
Comment documenter ce paradoxe sans tomber dans la vaine accumulation statistique ? C’est la question qu’explore Martin Caparrós en partant à la rencontre de ceux qui ont faim, mais aussi de ceux qui s’enrichissent et gaspillent à force d’être repus. Leurs histoires sont là, rendues avec empathie et perspicacité par l’auteur. Fouillant sans relâche les mécanismes qui privent les uns de ce processus essentiel, manger, alors que les autres meurent d’ingurgiter à l’excès, le texte livre une réflexion éclairante sur la faim dans le monde et ses enjeux, du Niger au Bangladesh, du Soudan à Madagascar, des États-Unis à l’Argentine, de l’Inde à l’Espagne.
Un état des lieux implacable et nécessaire.