Le barrage, mis au point dans les années 1930, a longtemps eu l’apparence d’un fleuron technologique des temps modernes permettant de développer une agriculture en milieu saumâtre, d’irriguer des déserts, de produire de l’électricité « propre » et de faire surgir du néant des villes comme Las Vegas. À partir des années 1970, soit quarante ans plus tard, la face sombre de ce fantasme de l’ingénierie commence à apparaître : explosion démographique, immenses enjeux financiers, émergence de la prise de conscience écologique, tout concourt à porter un autre regard sur ces ouvrages.
En effet, il est un prix à payer pour ces retenues d’eau. Des populations entières sont déplacées. Les promesses d’aide à la réinstallation sont rarement tenues ce qui conduit à la misère et à la déchéance, voire à la perte de civilisations extrêmement anciennes. De même, les écosystèmes fluviaux, adaptés aux variations naturelles des cours d’eau, disparaissent avec la régularisation de ces derniers entraînant une irrémédiable perte de biodiversité.
L’auteur nous emmène sur trois continents : l’Inde, l’Afrique et l’Australie. Il nous expose les trois points de vue, ceux de l’activiste, du sociologue, et de l’ingénieur ; trois exemples qui, malgré leurs différences, convergent vers un même constat, la complexité des conflits d’intérêts entre développement économique, populations déplacées et environnement sacrifié.