Le Gange. Les ermites et les prêtres de l’Inde lui attribuent mille noms différents. Ganga. Gangaji. Ganga Mataji… Ils considèrent cependant qu’en parler comme d’un fleuve est une insulte. Car pour eux, le Gange est une déesse. Certains disent même que c’est la source du monde.
En 2001, Ilija Trojanow a voulu en avoir le cœur net. Il est monté sur le glacier de l’Himalaya qui surplombe Gangotri et d’où jaillit le Gange dans un vacarme hallucinant. Là, il a effectivement vu danser Shiva, mi-chaman, mi-sadhou, qui s’est laissé emporter par les tourbillons glacés comme dans une passion amoureuse. Ensuite, Trojanow s’est arrêté à Uttarkashi…à Rishikesh…à Haridwar où il a croisé Ganesha et où il a fait une offrande de fleurs et d’encens aux eaux les plus sacrées du monde, dans un rituel du soir. Avant de continuer sur Kampur… Varanasi… Allahabad… Et Calcutta, pour finir, avec ses douze millions d’âmes, juste avant que le Gange fusionne avec le golfe du Bengale…
À pied, en bateau, en bus, en train, il a longé ses courbes et épousé son débit. Il a découvert ses festivals mystiques. Il s’est assis sur ses ghats, a fréquenté ses rives, ses cultes et ses étranges habitués ; il a même levé un coin du voile sur les désastres écologiques pressentis, dus à ses barrages…
À la fois livre de voyage plein de rencontres étonnantes et chronique fidèle et chamarrée du grand fleuve sacré, Le long du Gange nous entraîne – entre traditions millénaires et une modernité toute récente – au cœur même de la complexité et de l’intimité de l’Inde.