« Le jour où ils s’apprêtaient à étrangler la jeune fille, le peintre s’était rendu en ville dès le matin. »
L’Amsterdam du XVIIe siècle est la toile de fond du destin de ces deux personnages : un peintre sexagénaire reconnu, sous l’anonymat duquel il est aisé de reconnaître Rembrandt, et Elsje, une Danoise de dix-huit ans arrêtée pour avoir assassiné sa logeuse à coups de hache.
À contre-courant de la population convergeant vers l’exécution publique, le peintre décide de ne pas assister au lugubre spectacle. Il ne rencontrera la jeune condamnée qu’après sa mise à mort, lorsqu’il dessinera son corps pendu au gibet.
Prenant pour point de départ un dessin de Rembrandt, Margriet de Moor évoque avec vivacité et minutie la vie du peintre – ses deux mariages, la banqueroute où il perd sa fortune, la mort de sa seconde épouse fauchée par la peste, son travail acharné à l’atelier… En contrepoint, le parcours fulgurant d’une jeune inconnue, arrachée très tôt à la vie mais immortalisée par ce dessin posthume.
À la manière subtile d’une composition musicale, l’auteur renouvelle la notion de fiction historique en imaginant l’existence de deux êtres marginaux qui, par la puissance de l’art, fusionnent dans une rencontre suprême.