En s’appuyant sur l’idée que, trois années avant sa mort, Staline s’est consacré au problème, qualifié d’urgent, de la linguistique, Boris Groys se livre à une nouvelle analyse du communisme : il le présente comme un univers où non seulement l’élite, mais chaque individu devait quotidiennement prendre la température du langage marxiste-léniniste. La réalité perdait ainsi tout lien avec le réel, n’étant plus qu’un jeu de mots ne permettant à personne de se rattacher à quoi que ce soit.
Groys décrit un appareil communiste fondé sur le maniement du paradoxe et se penche sur ce qui fut « le langage du stalinisme » dans son lien avec le système soviétique depuis son avènement en 1917 jusqu’à sa fin, son autodissolution dialectique en 1989, interrogeant ses possibilités de résurgence au XXIe siècle.