« Une panoplie de plus venait s’ajouter à ma collection. Un statut d’écrivain, des invitations chez les libraires, dans les salons, à la radio-télévision. Je leur servais des platitudes. C’était pour cela qu’on me conviait. Parce que j’étais rassurant, moi qui n’étais qu’instabilité et colère. Parce que j’étais amusant, moi qui n’étais pas drôle. Et je les leur servais, ces platitudes, parce que je les connaissais toutes, parce que j’étais l’anxiolytique social fabriqué par la société pour ne pas la décevoir.
Ainsi allais-je partout, presque partout, pour ne pas décevoir. Mais ce n’était pas moi qui m’y rendais. C’était toujours l’autre, le bon garçon, le caméléon, celui de qui j’avais l’air. Alors, si pendant toutes ces années j’avais été un autre, qui étais-je vraiment ?
Le Dr Zennegger avait vu juste. Je n’étais personne.
Un possédé ne peut être personne. »
Simon Perse est écrivain, insomniaque, révolté et lucide. Sa particularité ? Il ne dort plus du tout. Mais, tandis que s’ouvre pour lui un jour sans fin, libéré de la contrainte du sommeil, des hallucinations commencent à s’emparer de lui… qui vont le mener à la plus décisive des confrontations : la rencontre avec soi-même.
Dans ce roman autobiographique, Philippe Ségur décrit avec un regard corrosif et humour une société d’imposteurs qui pourrait bien être la nôtre. Il y dépeint aussi la quête d’identité et le besoin spirituel qui ressurgissent dans un monde privé de rêves.