La fascination que l’univers des castrats exerce sur les esprits ne tient pas uniquement à leur voix remarquable, mais aussi, et surtout, à l’acte barbare qui préside à leur existence. Dans cet ouvrage, exceptionnel à plus d’un titre, Nicholas Clapton se livre tout d’abord à un historique passionnant de la castration avant de passer à la biographie de celui que l’on appelait, au début du XXe siècle, « l’Ange de Rome ».
Alessandro Moreschi, le dernier castrat, homme effacé dont l’existence fut tout entière vouée à son art, possédait une voix « surnaturellement » belle qui, dit-on, plongeait ceux qui l’écoutaient dans l’extase. Son histoire personnelle est intimement liée à celle du fameux cœur de la chapelle Sixtine. S’il prit quelques libertés vers la fin de sa vie en tâtant de l’opéra – Moreschi est le seul castrat dont on possède de rares enregistrements – son existence entière se déroula dans la sphère complexe du Vatican. Avec subtilité et pudeur, Nicholas Clapton explore, en historien et en musicologue, les luttes intestines qui participèrent à l’évolution musicale d’une institution immobilisée depuis des siècles par les décrets pontificaux.