Saadat Hasan Manto, né en 1912 dans le Pendjab indien, mort en 1955 à Lahore, au Pakistan, est le maître indo-pakistanais de la nouvelle, et l’auteur ourdou le plus lu aujourd’hui de part et d’autre de la frontière entre le Pakistan et l’Inde.
Qu’elles soient inspirées par la riche mais violente histoire du sous-continent indien, par les mouvements de désobéissance civile prônés par Gandhi contre la domination britannique, par les tueries sauvages entre hindous et musulmans lors de la partition catastrophique de 1947, par le destin tragique des courtisanes, par la sensualité inépuisable des femmes ou par le cinéma de Bollywood, les nouvelles de Manto confinent à de véritables mises en scène de la cruauté comme de la compassion dont l’homme peut être capable.
Ces nouvelles admirables, aiguisées comme la lame d’un poignard, sont autant de traversées d’une humanité dont on ne sort pas tout à fait indemne.
Réunies pour la première fois en France par les éditions Buchet/Chastel, elles constituent un événement littéraire exceptionnel.
Avant de mourir alcoolique quelques mois précédant son quarante-troisième anniversaire, Manto a pris le temps de rédiger sa propre épitaphe :
Ci-gît Saadat Hasan Manto et dans son cœur l’art et le mystère de la Nouvelle. Il est couché sous une tonne de terre se demandant toujours qui de Dieu ou de lui en est le Maître.