Dans la vie d’un lecteur, certains auteurs occupent une place à part – lectures inaugurales, compagnons de tous les jours, sources auxquelles on revient…
La collection « Les auteurs de ma vie » invite de grands écrivains d’aujourd’hui à partager leur admiration pour un classique. Elle reprend le principe des « Pages immortelles », publiées dans les années trente et quarante chez Corrêa/Buchet-Chastel : chaque volume se compose ainsi d’une présentation de l’auteur choisi, suivie d’une anthologie personnelle.
Ces rencontres extraordinaires, ici partagées, sont pour le lecteur de belles occasions de relectures ou de découvertes.
Le volume que Zweig consacre à Tolstoï est l’un des plus personnels et emblématiques de la collection.
La présentation de Stefan Zweig s’ouvre sur un Tourgueniev moribond qui, du fond de sa couche, rédige quelques mots à l’attention de Tolstoï pour le supplier de reprendre la plume (« Revenez à la littérature ! C’est votre don véritable. Grand écrivain de la terre russe, entendez ma prière ! »). Avec cette scène inaugurale, Zweig amène aussitôt le lecteur au moment clé de la biographie de Tolstoï : vers sa cinquantième année, l’écrivain russe est victime d’un ébranlement intérieur qui va le pousser à rechercher sans fin, chez les philosophes d’abord puis dans la religion, le sens caché de la vie. Zweig ne cache pas son admiration pour celui qui s’est alors donné pour mission de se sauver lui-même, et toute l’humanité avec.
« Tout homme d’état, tout sociologue découvrira dans sa critique approfondie de notre époque des vues prophétiques, tout artiste se sentira enflammé par l’exemple de ce poète puissant qui se tortura l’âme parce qu’il voulait penser pour tous et combattre par la force de sa parole l’injustice de la terre. »