Il y a toujours eu, semble-t-il, au temps jadis
le besoin d’un juste compte.
Ce qu’on recevait égalait ce qu’on donnait
comme le va-et-vient des vagues de la mer.
Sommé un jour par sa mère de choisir entre son lance-pierre et une assiette de cookies, le jeune Jimmy Carter s’est initié très tôt à l’art de tout mettre en balance. Ce geste pondérateur l’a guidé durant toute sa vie d’homme politique et de poète, jusqu’à la Maison Blanche (de 1977 à 1981), et au-delà. Politique et poésie, ces deux vocations sont chez lui indissociables. Tendues vers un seul but : la justice.
Ses origines paysannes l’enracinent dans l’archaïsme. Sa vision de l’avenir l’ouvre à tous les possibles de la modernité. « Pourquoi pas le meilleur ? » C’est le défi qu’il nous lance. Devenu un best-seller aux États-Unis, Toujours un compte à rendre nous rappelle également qu’il ne saurait y avoir d’authentique poésie sans une communauté qui la soutient, et beaucoup d’amour partagé. À quatre-vingt-cinq ans, Jimmy Carter se lève toujours « une heure avant l’aube » pour écrire des poèmes. Pour rester fidèle à son rêve d’enfant, et nous convaincre, si c’est possible, de préférer les cookies au lance-pierre.
Jean Miniac