Hana al-Hachimi, bourgeoise aisée de Damas, a acheté la jeune Alya à une famille des bidonvilles pour en faire sa servante. Domestique le jour, celle-ci devient son amante la nuit. Mais Hana la découvre un jour dans le lit de son vieux mari et furieuse, humiliée, elle la chasse. Chacune retournant vers son destin, les deux femmes sont alors assaillies par des images surgies de leur passé. Pour Hana, son éducation dans la bonne société syrienne, où les femmes doivent obéir et dissimuler leurs sentiments ; son mariage contraint, à quinze ans, avec son cousin plus âgé ; son ennui, qu’elle noie dans le shopping et les réunions mondaines ; sa découverte de l’homosexualité avec une autre femme de son milieu qui l’initie aux plaisirs interdits. Alya se souvient, elle, d’une enfance violente et misérable, où femmes et petites filles sont continuellement soumises à la brutalité masculine. La liaison de ces deux personnages contrastés les a fait échapper un instant à leur univers étouffant ; mais leur rupture les replonge brutalement dans ce qu’elles avaient cru fuir.
Le roman, en progressant à coups d’évocations légères, plonge le lecteur dans une atmosphère orientale où l’érotisme et les sentiments passionnés coexistent avec les relations de pouvoir. La dimension sociale et réaliste du récit transparaît en filigrane derrière l’histoire de ces deux femmes à la fois fortes et vulnérables, dans un univers d’hommes où elles cherchent à tâtons leur liberté.
Censuré dans son pays d’origine, Un parfum de cannelle n’a encore pu paraître qu’au Liban. Entouré d’une aura de scandale dans les pays arabes, il reste néanmoins un beau récit d’émancipation féminine, d’une grande puissance d’évocation.