L’opéra est sexuel de part en part. La voix définit un rôle dans la scénographie du désir et de l’amour, et les quatre tessitures (basse, contralto, ténor, soprano) inscrivent la scène du complexe d’Œdipe aussi sûrement que le jeu des familles : le père, la mère, le fils et la fille.
En suivant Michel Schneider dans l’analyse d’une quinzaine d’opéras, nous découvrons ces jeux archaïques de l’inconscient entre le sens et le son.
Parmi les ombres inquiétantes où se cherche le désir masculin, avec Carmen, Orphée ou Vanessa, c’est une voix des origines que font entendre sur la scène de l’opéra les trois figures que Freud avait mises en lumière dans les mythes et les tragédies : la mère, l’amante et la mort. Dans le deuil éclatant de son destin, à chacune sa voix. Toujours « étrangère, incompréhensible, inaccessible », comme Freud disait de la musique.