Le coup de cœur pour Tous immortels de Paul Pavlowitch
Certains livres finissent par devenir des amis. Certains auteurs aussi. Je ne connais pas Paul Pavlowitch, mais après avoir passé toutes ces heures à lire
« Tous immortels », j’ai l’impression qu’il m’a confié beaucoup de choses qu’on ne confie qu’à des amis. Ou du moins, en ami. Une part d’histoire, et une part de la sienne. Il y a Romain (Gary), il y a Jean (Seberg). Il y a Romain avant Jean. Jean avant Romain. Romain et Jean. Jean et Romain. Deux astres. Lui brillant. Elle lumineuse. Tous deux brûlés d’un feu intérieur. Un incendie. Et Paul fils de Paul, (Pavlowitch signifiant fils de Paul). Le cousin. Le témoin. Le confident. L’ami. Paul nous raconte, souvent par la voix de Jean (prononcer Djinn) ou de Romain, mais aussi et surtout la sienne, les tourments, les échecs et les gloires, les rencontres. Otto Preminger, l’ogre sombre, Burroughs le venimeux, mais aussi Camus, Malraux, Baldwin, Styron, Jones, les frères de plume ou de combat. Ô vous qui êtes mes frères parce que j’ai des ennemis, disait Eluard. Frère, Paul l’est aussi. Un frère qui porte un regard lucide et sincère sur cette traversée. Sans jamais juger, ni perdre son jugement, au milieu de leur chaos. D’anecdotes savoureuses (irrésistible scène des chaussures) en drames consommés, on apprend beaucoup sur Romain Gary, sur Jean Seberg, sur Hollywood, sur l’époque, sur l’acte d’écrire, la violence des hommes et des sentiments. Paul Pavlowitch, l’homme qui a interprété Emile Ajar, se livre en écrivain subtil autant qu’en témoin. Ce livre généreux et passionnant, véritable hommage à la littérature, et hymne à la loyauté, pourrait tout aussi bien porter, cette fois pour son propre compte, le titre : la vie devant soi. Ce qu’elle propose, ce qu’elle inflige, et ce qu’on en fait. Oui certains auteurs nous parlent en amis. Et ainsi nous grandissent. Et nous les aimerons pour cela. – Brice Homs